[Court-métrage] : La Blessure des anges

Je n’ai pas pour habitude d’aborder cette forme d’art sur les pages de ce blog. Aujourd’hui, je fais une petite exception parce que j’estime que c’est un univers qui mérite d’être mis en avant : ce genre de production est trop rare dans le paysage artistique des jeunes générations. Il y a beaucoup de jeunes réalisateurs, metteurs en scènes et acteurs qui triment avec passion, souvent sans obtenir de reconnaissance cohérente vis-à-vis de leurs efforts. Ce sont des artistes qui suent et s’escriment loin des projecteurs.

J’aimerais vous parler de l’œuvre d’un groupe de passionnés… et je vous assure qu’elle vaut le coup d’œil.

La Blessure des Anges est un court-métrage de Jonathan Boissinot, avec William Brisson et Marie-Hélène Marty. Cinq minutes intenses que je vais aborder avec précautions pour ne pas gâcher l’expérience des curieux. Je vais tenter une approche substantielle de cette petite pépite de cinéma amateur…

Je vous laisse avec le synopsis :

À la mort de leur mère, deux frères jumeaux inséparables depuis l’enfance se détachent progressivement l’un de l’autre. S’opposant sur la façon d’appréhender cet événement, ils prennent conscience que leurs visions respectives de la vie et du monde sont incompatibles. Ils entrent alors dans un conflit qui les mènera au drame.

L’entrée en matière de ce petit film est puissante : l’équilibre entre la lourdeur et la finesse est percutant. Les jeux de lumière sont exploités avec une vraie maturité. Dès les premières secondes, on sent que l’équipe ne va pas se contenter de raconter une histoire, elle vise une réelle performance artistique.

C’est une œuvre qui se visionne, je pense, plusieurs fois. Rien n’est laissé au hasard : derrière chaque plan, derrière chaque ligne de dialogue, il y a un morceau de sens à dénicher. Le film danse sur la dualité… sur le plan purement visuel, d’abord, mais également sur le plan des idées, des positions morales et des réactions face au deuil. C’est un film dense qui cristallise violence et légèreté, sans vulgarité ni fioriture.

L’équipe de composition est brillante, il y a une synergie entre les musiciens et le réalisateur qui permet de frapper fort, en plusieurs dimensions. Qu’on se le dise : c’est une production audacieuse.

En ce qui me concerne, le pari est réussi. J’ai été ballottée émotionnellement pendant ces quelques minutes, transportée par la musique et la qualité de la mise en scène. La sensibilité de cette équipe fait écho à mon expérience d’auteur. En effet, il y a dans le monde du cinéma le même genre d’écueils qu’en littérature… raconter (sur le plan artistique), qu’on s’arme d’une caméra ou d’un stylo, c’est trouver un équilibre entre l’histoire et le sens. Les deux doivent s’entendre et s’entretenir mutuellement, sans s’imposer au spectateur. Ce que j’aime dans ce court-métrage rejoint mes préférences en matière de littérature : on n’est jamais tenu en laisse, jamais soumis aux opinions du réalisateur. Tout est suggéré et on sort de ce petit film avec la satisfaction d’une expérience subjective, limite interactive.

Je vous laisse un lien vers le film en question :

J’ai été impressionnée par le travail de cette belle équipe. Aussi, je sais qu’il est difficile d’obtenir une vraie visibilité dans le milieu artistique et surtout dans la branche du cinéma amateur. Je me permets donc un écart à mes habitudes sur ce site en vous parlant de ce court-métrage. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, ces artistes le méritent : leur investissement est réel et le résultat au rendez-vous.

Ensuite… il est important de rappeler quelque chose aux sceptiques convaincus que la jeunesse est hermétique à l’art : notre génération est là. Des créateurs de tout poil, animés par des convictions diverses mais sincères, ne demandent qu’à s’exprimer. Aux nouvelles graines d’artistes, peu importe votre domaine, sachez qu’il est important de vous battre pour vos convictions et votre reconnaissance.

En fait, plus que la jeunesse élevée aux écrans, ce sont ceux qui veulent nous persuader que l’Art se meurt… qui finiront par le tuer.

Auteur : Renard-Rateur

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