Note d’intention de réalisation

 / JONATHAN.B

Voilà la note d’intention du court métrage, originellement destinée à l’ensemble de l’équipe. J’y ai résumé ce qui m’a poussé à réaliser ce court métrage, et ce dont j’ai voulu parler à travers lui. J’ai néanmoins supprimé tous les passages qui traitent de la fin, pour ne pas gâcher le plaisir de surprise du film:

En guise d’introduction:

Ce document a pour but d’expliquer à l’ensemble de l’équipe du film ce qui m’intéresse en tant que réalisateur dans ce projet, pourquoi je veux le faire, et comment je veux le faire.

La voix des chimères raconte l’histoire d’un jeune homme qui développe une obsession pour un homme qu’il croise un soir en rentrant, et qu’il soupçonne d’avoir commis le meurtre qui est a eu lieu la veille, près de chez lui.

Quoi ?

Cette histoire est avant tout celle d’un individu replié et renfermé sur lui même, mais aussi enfermé dans un monde qui lui semble hostile. En effet, le « monde extérieur » est à chaque instant une menace pour le « jeune homme ». Il a par exemple entendu beaucoup d’histoires inquiétantes depuis son enfance, au point qu’il ne peut vivre sans se méfier de tout et de n’importe qui. Ce n’est pourtant pas l’histoire de quelqu’un de paranoïaque, il n’est pas « malade » mais plutôt le fruit de nombreux discours inquiets et inquiétants qu’il entend depuis toujours, dans son entourage, et dans les médias.

Le seul lieu où il se sent réellement en sécurité est sa chambre, aussi symbole de sa propre intériorité. L’histoire commence donc, lorsqu’en apprenant la nouvelle d’un meurtre près de chez lui, le jeune homme se sent menacé dans sa propre intériorité, ce pourquoi il est important qu’un brouillage entre réalité et cauchemar se fasse au court du film, la menace étant avant tout intérieure, étant le psychisme, la vision même du jeune homme sur le monde.

L’histoire évolue comme une descente aux enfers. Au fur et a mesure du film, le jeune homme se sent oppressé et en insécurité, notamment chez lui. Cet enfermement est au coeur de l’histoire: le jeune homme se sent enfermé dans le monde extérieur qui l’oppresse ; il s’enferme chez lui pour être en sécurité ; il est enfermé dans sa vision du monde, dans son psychisme, qui provient d’un ensemble de représentations qu’il a reçu.

Comment ?

Visuellement mais aussi en terme de narration, c’est le point de vue du jeune homme qui est constamment adopté par le film. Le spectateur est invité a voir le monde comme le voit le jeune homme. Un climat d’insécurité et d’instabilité mais surtout d’enfermement doit s’installer:

-Les plans seront donc très rapprochés du personnage pour traduire l’oppression et l’enfermement.

-La camera sera de moins en moins « stable » au fur et à mesure du film, afin de donner ce sentiment d’instabilité croissante, parallèle à l’état psychique du héros.

« Scenaristiquement », les scènes montreront régulièrement certains éléments extérieurs comme une menace.

Pour plus d’informations sur l’aspect visuel du film et son ambiance, je vous renvoie au Teaser !

Pourquoi ?

L’idée de parler de cet enfermement du héros m’intéresse dans le sens où il me semble être le miroir d’une tendance – que j’observe autour de moi – à se refermer sur soi même, dans une peur constante de l’autre et du monde, une peur souvent illégitime, sur laquelle certains se nourrissent (comme par exemple les médias). Ce n’est pourtant pas un film sur la critique des médias, cela a déjà été fait et surtout très bien fait, je souhaite me focaliser sur la peur elle même et ses conséquences.

Pour conclure:

Le film n’a pas, malgré ce que le dernier paragraphe peut laisser entendre, de prétention à faire une quelconque morale, et n’est pas non plus fait pour « dénoncer » quelque chose en soi, bien qu’il y ait des thèmes abordés qui m’intéressent particulièrement. Le but reste de captiver le spectateur, de créer du suspens, à travers le doute vis à vis de l’identité du meurtrier, et de tenter de le surprendre.

« Une ambiance musicale répétitive et mêlant une volonté lyrique comprimée par l’intériorité obsessionnelle du protagoniste. » Mary-Hélène Marty Compositrice du film (Lien Source).